Mathieu Robert Sauvé – 11 juillet, 22 h 15
Ce matin, nous avions rendez-vous avec la rivière. Aussi bien le dire tout de suite : même à ses premiers kilomètres, elle est large et puissante comme un fleuve. Les eaux vives, qui ne présentent habituellement que des petits picotements de plaisir, sont ici assaisonnées de hautes vagues qui nous font tanguer de haut en bas. Dans les R-1, on surveille les risques de
« sousmarinage », un néologisme qui signifie que l’embarcation, remplie d’eau, perd sa ligne de flottaison sous la surface de l’eau. Et comme les canots ne sont pas des sous-marins, les pagayeurs finissent le rapide à la nage. Oh! Oh! Que seront les rapides cotés R-2 ou R-3, qui figurent sur nos relevés dans quelques kilomètres?
Les Autochtones appellent les rivières « chemins qui marchent ». Celle-ci pourrait être surnommée « chemin qui court », car en six heures nous avons parcouru 38 kilomètres, notre plus long trajet jusqu’à maintenant. Nous voyions défiler les rivages à la vitesse d’un coureur de fond. Mais un premier frisson nous attendait à la fin de l’après-midi, quand nous nous sommes fait prendre par un rapide à volume qui a failli remplir le canot de Gérald et Pierre-Marc. Nous avons été quittes pour une bonne frousse. Il ne fallait pas « nager » ici car le rapide fait… 20 kilomètres.
Premières traces de présence humaine en près de cent kilomètres : la pourvoirie Leaf River Lodge, ou les clients paient des milliers de dollars pour un voyage de pêche d’une semaine. On garantit aux pêcheurs des truites en abondance. Personne sur le site. Seuls les loups et les ours sont venus se promener ici au cours des derniers jours.
Aujourd’hui, la météo était plus typique du Nunavik : pluie et vent en matinée, soleil en après-midi et orage en fin de journée. Bref, un temps changeant et imprévisible.
On a bien fait de monter le campement au kilomètre 235. Les canoteurs étaient fatigués, et nous sommes au milieu de rapides tumultueux. Et nous nous gavons de truites mouchetées, cueillies à proximité des tentes.
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Ne serait-il pas possible de «capoter» les canots comme on le fait avec les kayaks ?
Comme ça, l’eau ne rentrerait pas. Je dis ça comme ça, sans trop savoir…
Vous auriez pu choisir une rivière moins éloignée et moins difficile; je prévois quelques beaux naufrages d’ici quelques jours !
Bonne chance !
Je trouve, cher père, que tu ne postes pas assez de résumés de la journée. Il me semblais que c’était toi l’écrivain du groupe. N’est-ce pas? J’ai l’impression que tu dois faire beaucoup de repas et de vaisselle à la place. En tout cas je pleure pas sur ta photo tout les soirs mais je commence à m’ennuyer. Vôtre voyage m’a l’air assez palpitant merci. je te souhaite d’autres belles journées.